[PORTRAITS]
18/06/2024
Rencontre avec Aymeric GIBET, commandant du Belem.
Le célèbre trois-mâts Belem a été récemment sous le feu des projecteurs à l'occasion de la traversée de la flamme olympique entre Athènes et Marseille. Son commandant, Aymeric GIBET nous présente son parcours et revient pour nous sur cette merveilleuse aventure.
*Bonjour Aymeric, pourriez-vous en quelques traits vous présenter et nous parler de votre parcours ?
Je m'appelle Aymeric GIBET, je suis né à Nantes, j’ai 4 enfants et je suis commandant du Belem depuis 8 ans maintenant. J’ai une formation d’officier de la marine marchande. J’ai effectué mon cursus à Marseille et navigué sur divers navires, paquebots, ferrys, un peu de yachting également.
C’est vrai que ce sont des métiers que l’on connait peu mais pour moi ce fut une vraie vocation ! Mon père était un naviguant, chef mécanicien au service machine d’un cargot et c’est ce type de travail qui m’a attiré.
*Qu'est-ce qui vous a amené à être aujourd'hui capitaine du Belem ?
Le Belem on le connait tous mais c’est un peu un ovni dans mon domaine. Ce n’était donc pas vraiment mon plan de carrière en premier lieu. Je suis arrivé là un peu par hasard. Mon père qui supervisait la réparation du Belem m’a fait monter à bord. J’aime dire que ce bateau, je l’ai d’abord découvert par la coque.
Après cette visite, j’ai envoyé mon CV puis j’ai été recontacté pour un remplacement de 15 jours pour un aller/retour entre Marseille et Barcelone. C’était il y a 20 ans.
J’ai donc d’abord été officier puis petit à petit j’ai grimpé les échelons pour devenir commandant. C’est par ailleurs rare que quelqu’un soit recruté directement en tant que commandant. Il est important de connaître le bateau avant d’arriver à ce poste.
*Pouvez-vous nous parler du Trois-Mâts Belem ? Quelle est son histoire, ses caractéristiques ?
C’est un bateau avec une aventure formidable !
Mis à l'eau à Nantes le 10 juin 1896 après 6 mois de construction dans les chantiers Dubigeon à Chantenay sur Loire, il est d'abord navire marchand et échappe par miracle à l'éruption de la montagne Pelée qui dévaste le port de Saint-Pierre de la Martinique en 1902.
Délaissé pendant la première guerre mondiale, il est racheté par le duc de Westminster en 1914 qui l'équipe pour la première fois de moteurs et le transforme en yacht de luxe.
Il sera racheté par Vittorio Cini, un puissant capitaine d'industrie italien en 1951 qui le transformera en navire-école pour le Centro Marinaro. Il fera plusieurs croisières à travers le monde avant d'être mis en vente fin 1978.
Ce sont les Caisses d'Epargne qui réussit à réunir les fonds nécessaires à son acquisition et qui scellera son retour en France le 15 août 1979. En 1980, elles créent la Fondation Belem et lui fait don du navire qui sera exploité comme navire école civil.
Classé monument historique, ce navire de près de 130 ans est le dernier de ce type aujourd'hui.
*Racontez-nous comment s'est passée la traversée de la flamme olympique ? Qu'est-ce qu'on ressent à participer à un évènement d'une telle envergure ? Il y aurait tellement à raconter ! C’est d’abord beaucoup de rencontres ainsi qu’une opportunité extraordinaire pour le bateau. Le Belem a toujours participé à l’histoire des Hommes à travers les années et aujourd’hui, il apporte sa pierre à l’édifice.
Que ce soit moi ou toute l’équipe, nous avons tous ressenti beaucoup de fierté lors de cette traversée.
Ça a été une aventure extraordinaire avec des aléas de navigation comme une tempête qui nous a empêchés de passer à Bonifacio mais cela n’a pas entaché la beauté du voyage. Nous sommes notamment passé par canal de Corinthe qui a rouvert spécialement pour le Belem ainsi que par le détroit de Messin où nous avons été escortés par la marine italienne et française et là, j’ai réalisé mon rêve de faire monter la flamme tout en haut du grand mat. Un souvenir fantastique. Nous avons également eu la chance de dîner face au le volcan Stromboli avec toute l’équipe.
Pendant 12 jours, nous avons vécu avec la flamme au quotidien, on l’oubliait presque parfois. C’est en arrivant à Marseille (à l’heure) que nous nous sommes rendu compte de ce qui se passait. Une vraie explosion ! C’était très fort émotionnellement parlant.
Ce que je retiens de cette aventure c’est également le plaisir de partager ces moments avec toute l’équipe et notamment d’avoir à nos côtés 16 jeunes éclaireurs que nous avons pu accompagner et qui ont découvert le métier dans les meilleures conditions.
Evidemment je remercie nos mécènes et la Fondation Belem Caisse d’Epargne sans qui cette aventure n’aurait pas pu être possible.
*Quels sont vos projets pour la suite ? Où pourra-t-on retrouver le Belem d'ici la fin de l'année ?Je suis déjà de retour dans mon quotidien. J’embarque le 19 juin avec le Belem qui continue sa saison. Notre objectif premier reste d’accueillir du public et de faire naviguer tous ceux qui le souhaitent dès 14 ans. Il reste d'ailleurs toujours quelques places sur nos navigations 2024.
Pour les prochaines dates à venir, nous allons participer aux fêtes maritimes de la Rochelle, Brest et Douarnenez, à l'évènement Bordeaux fête le Vin ainsi que faire un tour d’Irlande. La fin de navigation du Belem est prévue fin octobre.
L’année aura été exceptionnelle et très large au niveau géographique : la France, la Grèce, l’Irlande… Mon métier est réellement formidable !
*Vous êtes né à Nantes, avez-vous une adresse à nous recommander ou un quartier que vous préférez ?
Le quartier Bouffay forcément, j’y ai habité et j’ai encore mon appartement à côté du château.
Je vous recommande plusieurs adresses : pour un restaurant, les petits saints qui se trouve juste au-dessus d'un lieu incontournable pour sortir le soir, le Marlowe et pour une ballade digestive, les douves du château. Le programme n'est peut être à pas faire dans cet ordre !
Pour en savoir plus sur la Fondation Belem Caisse d'Epargne, rendez-vous ici.
Crédits photos : 1 - © Valérie Joncheray -1 / 2 - © Pierre Bourras / 3 - © Maxime Fradusiak_vue d'ensemble - 4 - © Paris 2024 / Frederic Dides / Jeremy Suyker / BOBY.
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